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NI POISSONS, NI ESCLAVES exposition personnelle, Galerie Triangle, Winzavod, Moscou 29.10 - 10.12.15

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« Ni poissons, Ni esclaves », parce que la société sous marine ici présentée est impossible à gouverner. Toute notion de temps est écartée, c’est un monde silencieux où l’on « bulle ». Entre installations vidéo et portraits de ces habitants, l’artiste Dmitri Boulniguine fait partager son plaisir pour le jeu et les métamorphoses en faisant des ronds dans l’eau.
Ici on retrouve le thème du « morphing » cher à l’auteur, dans l’adaptation des formes organiques de la nature aux formes humaines ou inversement (voire "Flowers", 2009). Cette fois, il s’agit d’installations sous-marines réalisées dans les mers chaudes et découvertes sous un seul angle de vue. Ces interventions convoquent la technique du « mapping » qui joue avec la perspective sur un volume (voire le travail récent "Aquarium", 2015).
Sous l’eau, l’artiste a recours à un processus de montage et d’associations qu’explorent couramment les enfants. Aussi le travail des surréalistes s’invite : quand ces derniers revendiquent un anticolonialisme, c’est en passant par l’identification voire l’appropriation, pour percevoir l’altérité. Les populations locales sont habillées par l’artiste de  « visages à la Arcimboldo ». Faits de mondes composites, ils possèdent chacun leur propre logique portée par les flots. Ils sont si plastiques que pas une seule posture, ni agencement ne peut être gouvernés. Ces micros mondes rappellent la société des thélémites inventés par Rabelais dans Guargantua, qui interroge : « Comment pourrait-on gouverner autrui alors qu’on ne sait pas soi-même se diriger ? »
Nos habitants sous-marins, représentants d’une société rêvée, sont montrés dans une série de portraits disposés de travers dans un refus de verticalité : venus d’une réalité où les rapports sont inversés ou légèrement décalés du fait du prisme de l’eau et de l’absence de gravité (voire "Pour la verticalité", 2014). Société sans hiérarchie, parce qu’il n’est question ni de haut, ni de bas, le fond marin est un modèle de liberté par son approche de l’espace en trois dimensions et s’oppose à une lecture plane.

Louise Morin

 

digital photo, 30х40 cm, 2015

 

digital photo, 30х40 cm, 2015